Un + un + un ...

samedi 31 août 2013

Crash


21 août.... 31 août...
Dix jours sans approcher les machines, ni même entrer dans l'atelier.
Le burn-out.
La commande de trop.
Je n'ai même pas assuré le dernier marché, le 20.

Pendant les 5 précédents, je n'ai rien vendu. Rien. Ab-so-lu-ment rien.
J'ai essayé plein de trucs, créé des modèles exprès, tenté des accrochages et des présentations, cassé les prix, offert des cadeaux... J'y bossais toute la semaine, je chargeais la voiture à partir de 15h30, je rentrais à minuit passé.
Pour rien.

Le 13, dix minutes avant de remballer, une cliente du Marché de la Couturière a amené sa copine parisienne, avec une valise entière de tissus et de tenues à copier et à retoucher.
La retouche, c'est le mal.
Plus jamais je le jure je n'accepterai un travail de retouche.
De copie aussi.
Ça m'a rendue dingue. Vraiment.

Une robe portefeuille à retailler dans un superbe coton américain. Mais bêtement, je suis partie du modèle en lin qu'elle m'avait confié. Au lieu d'empoigner un patron ressemblant.
Première prise de tête, ça m'a pris 5h au lieu des 2 facturées. Et ça n'allait pas... Retouche sous les bras, malgré mes avertissements : ce n'est pas le même tissu, ça ne peut PAS donner la même impression... Je resserre. C'est trop serré. 

Un pantalon, mais pas trop long. Mais pas trop court. Un tissu improbable, sans doute à rideaux, avec perles et paillettes, broderies en coton épais. Très épais. A la deuxième aiguille de surjeteuse cassée, j'ai pleuré. Vous avez déjà changé une aiguille de surjeteuse ? Moi ça me prend presque une demi-heure à chaque fois... chaque aiguille...
Il y a deux pinces un peu en biais, sur le devant. Mon patron (j'en ai pris un, cette fois...) n'en a pas. Je rajoute donc le tissu nécessaire aux pinces. Essayage : "J'aime pas trop les plis que ça fait, là..." Ils y sont pourtant, sur le pantalon-modèle... "Oui mais je ne les aime pas, justement... vous pouvez les enlever ?" 

Un gilet, col brodé d'un galon fleuri, lacé au dos mais un peu trop petit. Le col est déchiré par l'usure. Voici un bout de tissu, toujours d'ameublement, en jacquard épais. Elle ne sait pas si elle préfère le côté bleu ou le côté jaune. Je propose de fouiller dans mon stock, pour lui faire une proposition. Elle accepte un velours d'un vert profond, qui s'accorde à merveille avec le ruban et le galon qu'elle m'a confiés. 
Je passe une bonne heure à recopier le modèle, partant d'un patron de gilet pour finir par ressembler le plus possible au modèle. Et une demi-heure rien que sur le col. Le velours, ça roule, ça se déforme, ça refuse la symétrie. Dire que j'ai pensé boucler le truc en 3h maxi...

Un genre de bustier, boutonné au dos, des pans comme des lames en bas. Sept.
Mais il était 23h15, la rue n'était pas éclairée : je n'ai pas remarqué que chaque pan est indépendant... et doublé. Me voilà devant 14 morceaux à assembler en créneaux. Plus les bretelles. Doublées aussi. A nouveau 5h de travail. Toujours au lieu de 2.
Je me prends la tête sur les créneaux, parce que j'ai fait la bêtise de commencer l'assemblage par le haut. Gros moment de solitude. Maintenant je sais. Maintenant seulement.
Je passe sur la minute où elle m'a dit : "Mais je ne veux pas le même tissu dessus et en doublure !" Elle a acheté un nouveau coton, m'a demandé un deuxième top avec la "doublure" déjà réalisée... "et ce petit morceau pour le devant..."

Un autre bustier, le même, exactement, mais un pan décousu : "II était trop serré pour moi, là, à la poitrine, j'ai essayé de l'agrandir mais..." 
Forcément : la couturière qui l'a copié (déjà...) n'a pas reproduit le galbe de la pièce poitrine. Il faut recouper une pièce, elle sort environ 2 mètres du même tissu. Comme il est trop serré, je peux l'agrandir ? Euh, oui : ça implique de recouper ET RECOUDRE 2 x 3 pièces...
Évidemment, en décousant le panneau central, brodé sur une sorte de toile canevas, je tombe sur des marges de couture inexistantes, et des bords qui s'effilochent - bah tiens, pardi : s'il était trop petit et qu'elle l'a porté "de force".....

Ce n'est pas fini ? Non. Si. Je lui ai rendu :
- le pantalon à plis creux que je devais transformer en pinces (vous vous souvenez qu'elle N'AIME PAS les pinces ??)
- le x-ième bustier à pans en créneaux, cette fois en faux cuir, qui s'était déchiré d'usure sur une seule pièce ( oui mais les autres ne vont pas tarder à craquer aussi...)
- le pantalon court-mais-long que je devais couper dans le reste du tissu du bustier-mais-j'ai-dû-en-faire-deux-finalement 

J'en suis à 17 heures... Il m'en reste au moins une dizaine encore... si tout va bien... si je retrouve le chemin de mon atelier.

Demain, je vous raconterai la guirlande de Bali.

La chouette photo du début, ce sont des couvertures d'agenda que j'ai testées, pour le dernier marché... celui que je n'ai pas fait. Je vous montrerai ça en détail plus tard.

2 commentaires:

Madame Nicole a dit…

tu apprends : toutes les modif par rapport à la commande initiale, toutes le surprises doivent être payées en plus...

J'aime beaucoup ce blog, je ne savais plus que tu l'avais

Madame Nicole a dit…

si tu fais des carnets comme ça, pas de agendas, je t'en achète un